Traitement chirurgical de la tendinopathie rotulienne
Le tendon rotulien (ou patellaire) s’étend de la pointe de la rotule à la partie supérieure et antérieure du tibia appelée tubérosité tibiale antérieure. Ce tendon fait partie de l’appareil extenseur du genou également composé du muscle quadriceps, du tendon quadricipital et de la rotule.
La tendinopathie chronique rotulienne correspond à une désorganisation des fibres du tendon rotulien avec l’apparition de microfissures dues à des sollicitations excessives (microtraumatismes ou overuse syndrome) du tendon lors d’une activité professionnelle ou sportive. Elle est responsable de douleurs antérieures le plus souvent localisées au niveau de la pointe de la rotule. Cette tendinopathie est plus rarement localisée en plein tendon ou à sa partie inférieure au niveau de la tubérosité tibiale antérieure.
Ces douleurs connues sous le nom de « jumper’s knee » surviennent souvent chez les personnes pratiquant les sports de sauts suivants : basketball, volleyball, football, athlétisme avec saut en longueur et saut en hauteur et tennis.
Cette tendinopathies chroniques peut conduire à une rupture du tendon.
La classification de Blazina permet de caractériser
la gravité de la tendinopathie :
– stade I : douleurs après effort sans répercussion sur l’activité
sportive ;
– stade II : douleurs en début d’activité disparaissant après
échauffement et réapparaissant après l’exercice ;
– stade III : douleurs pendant et après activité avec altération
progressive des performances ;
– stade IV : rupture tendineuse.
Comment faire le diagnostic de tendinopathie rotulienne ?
Le diagnostic repose avant tout sur la présence d’une douleur antérieure, localisée sur la pointe de la patella ou sur le corps du
tendon.
L’examen clinique met en évidence une douleur élective à la palpation du tendon. La douleur se réveille lors de la mise en tension
du tendon lors d’activités physiques le sollicitant.
Le bilan radiographique standard permet de rechercher une maladie d’Osgood-Schlatter et des calcifications du tendon.
L’échographie ou l’IRM permettent de confirmer le diagnostic, de rechercher la présence de kystes, nodules, calcifications et fissures.
Quel traitement pour la tendinopathie rotulienne ?
Le traitement est médical en première intention associant :
- repos relatif de plusieurs semaines à plusieurs mois en fonction de la sévérité de la tendinopathie.
- anti-inflammatoires afin de réduire l’inflammation de la phase aigüe.
- rééducation en privilégiant les exercices excentriques.
- ondes de chocs qui stimulent la cicatrisation du tendon en créer des microlésions.
En cas d’échec ou d’insuffisance du traitement médical, Il est également possible de réaliser des injections de PRP (Plasma Riche en Plaquettes). L’injection est préparée à partir d’un prélèvement de votre sang, qui est ensuite centrifugé afin de ne garder que des éléments qui favorisent la cicatrisation de votre tendon.
En dernier recours, le traitement chirurgical est alors recommandé.
En quoi consiste le traitement chirurgical de la tendinopathie rotulienne ?
Peignage du tendon rotulien et résection de la pointe de rotule.
L’intervention consiste à réaliser un peignage du tendon rotulien afin de stimuler sa cicatrisation.
Cette opération de peignage peut être réalisée à ciel ouvert par une incision en avant du genou le long du tendon rotulien ou de façon mini-invasive sous arthroscopie.
Le tendon est incisé sur son long comme un peigne. Si la lésion du tendon siège au niveau de la pointe de la rotule, cette dernière peut être rabotée à l’aide d’une fraise motorisée. Les éventuels kystes, nodules ou calcifications peuvent être retirés après repérage à l’aiguille.
La chirurgie est le plus souvent réalisée sous anesthésie loco-régionale ou rachi-anesthésie. Une sédation voire une courte anesthésie générale est possible pour votre confort.
L’opération est habituellement réalisée en hospitalisation ambulatoire. L’intervention dure environ 30 minutes.
La rééducation post-opératoire et la reprise des activités
Le jour-même de l’intervention, la marche s’effectue sans attelle, avec un appui complet sous couvert de deux cannes anglaises.
Vous pourrez le plus souvent rentrer chez vous le jour même (chirurgie ambulatoire).
A la sortie de la clinique, la rééducation sera poursuivie chez un kinésithérapeute.
La mobilisation du genou et le travail excentrique sont débutés immédiatement. Le sevrage des béquilles est précoce dès que le verrouillage quadricipital est satisfaisant.
Les premiers jours, vous devez prendre les médicaments antalgiques sans attendre la survenue de douleur. Une fois installée, la douleur est plus difficile à traiter. La cryothérapie est importante pour diminuer l’œdème et les douleurs post-opératoires.
Après quelques jours, il est possible de diminuer les antalgiques s’il n’y a aucune douleur.
Il faudra être très attentif à ne pas mouiller le genou opéré les deux premières semaines (averse, douche). Veillez à protéger votre genou avec une housse de protection étanche (disponible en pharmacie) lors de la douche.
La conduite est autorisée 2 semaines après l’opération, en fonction de la douleur.
La reprise du travail est possible au bout de quelques jours en cas de travail sédentaire (travail de bureau permettant de rester assis et si besoin de garder le membre opéré surélevé).
En cas de travail physique ou de travail nécessitant de nombreux déplacements, la reprise se fait environ à 2 mois avec si besoin une adaptation temporaire du poste de travail.
La reprise d’une activité physique légère est possible au bout d’un mois (vélo, natation).
La reprise de la course à pied sera possible en général entre 2 et 3 mois après l’opération.
Les autres activités sportives reprennent progressivement entre 3 et 6 mois après l’intervention.
Les risques et les complications
En plus des risques communs à toute intervention chirurgicale et des risques liés à l’anesthésie, notons quelques risques plus spécifiques à cette chirurgie :
La rupture secondaire est la complication principale des peignages du tendon rotulien. En effet, pendant une période de 6 mois, la cicatrisation du tendon reste fragile et une rupture peut survenir lors d’une reprise trop précoce des activités sportives. Cette complication nécessite une nouvelle intervention de réparation chirurgicale du tendon rotulien.
Il est possible que la zone opérée saigne et qu’il se forme un hématome. En fonction de son importance, une évacuation peut être nécessaire.
Une raideur articulaire peut se développer si la rééducation post-opératoire n’est pas bien prise en charge.
La survenue d’une infection reste exceptionnelle. Cette complication connue nécessite un lavage de la zone infectée et la mise sous antibiotiques.
Des petits caillots de sang solidifié peuvent se former et se coincer dans les veines des jambes occasionnant une phlébite et nécessitant un traitement anti-coagulant pendant plusieurs semaines.
Les nerfs et artères qui entourent le genou peuvent être accidentellement blessés. Cette complication exceptionnelle peut occasionner une douleur, une perte de la sensibilité voire une paralysie de certaines parties de la jambe. En cas de lésion artérielle, une chirurgie vasculaire peut être nécessaire.
Des réactions inflammatoires post-opératoires peuvent occasionner des douleurs importantes. Ces réactions exacerbées correspondent parfois à une algodystrophie. Cette complication bien que rare, reste très longue à guérir. Cependant, de nouveaux traitements existent et permettent de la gérer plus facilement.
Les risques énumérés ne constituent pas une liste exhaustive. Votre chirurgien donnera toute explication complémentaire et se tiendra à votre disposition pour évoquer avec vous chaque cas particulier avec les avantages, les inconvénients et les risques de l’intervention.
Les résultats
Le peignage du tendon rotulien permet de dans la plupart des cas la guérison du tendon et la disparition des douleurs. Néanmoins, la récupération est longue et il peut persister des douleurs et une perte de force musculaire du quadriceps lors de l’extension du genou.
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Auteur : Dr Philippe Loriaut, Chirurgien Orthopédiste – chirurgie arthroscopique – pathologies du sport – spécialiste de l’arthrose – chirurgie mini-invasive et percutanée.