Questions à Pierre de Fourmestraux, kinésithérapeute du sport à Paris en charge de l’équipe de France de Badminton
Bonjour Pierre, peux-tu nous présenter ton parcours professionnel et ta pratique au cabinet ?
Diplômé en 2013, je pars 1 an en Nouvelle Calédonie pour exercer mon métier.
Durant cette période je participe en tant que kinésithérapeute à deux événements sportifs majeurs de l’île :
- Le premier est le tour de Nouvelle Calédonie cycliste qui entraîne les compétiteurs à travers le « caillou » pendant 15 jours.
- Le deuxième événement sportif auquel je participe est le tour de Calédonie en Formule 18 (catamaran de course).
C’est cette période qui me convertit au monde du sport de haut niveau.
J’organise mon retour en France pour débuter ma formation de kinésithérapeute spécialisé dans le sport.Elle durera un an et demi.
J’intègre à la même époque le cabinet REEDUCA dans le 11e arrondissement de Paris.
Ce cabinet a tous les atouts pour me permettre un travail de qualité. Il dispose d’un plateau technique, d’une balnéothérapie et l’ensemble de l’équipe n’hésite pas à faire des investissements dans du matériel de pointe.
Je reçois au cabinet beaucoup de traumatologie liée au sport que ça soit des sportifs de loisirs ou des sportifs professionnels.
J’interviens également à l’école de kinésithérapie de Paris comme enseignant en kinésithérapie du sport auprès des étudiants en dernière année.
Je participe chaque année au tournois international de badminton d’Orléans qui est la deuxième compétition française dans la discipline. C’est par ce biais que je rentre en contact avec le pôle badminton de l’INSEP. En fin de tournois, l’équipe de l’INSEP me propose de venir travailler avec eux pour suivre l’équipe de France.
Image © Pierre de Fourmestraux
Comment s’organise ton activité au sein de l’INSEP avec l’équipe de France de Badminton ?
Nous sommes une équipe de trois kinésithérapeutes au sein du pôle badminton. J’interviens deux fois par semaine sur des créneaux de deux heures post-entraînement. Le but de l’intervention est de faire de la prévention des blessures, de détecter le plus rapidement possible des blessures qui nécessitent une consultation chez le médecin, ou encore d’améliorer les capacités de récupération des sportifs. L’ensemble de l’équipe assure aussi une relation humaine avec les sportifs qui sont en pleine ascension dans leur carrière ont besoin d’être rassurés et encouragés.
Je suis également amené à suivre les sportifs dans leurs déplacements à l’étranger.
Quelles sont les pathologies liées au badminton que tu rencontres le plus fréquemment dans ta pratique ?
La machinerie des sportifs de haut niveau étant poussée à fond, il y a une grande diversité de pathologies.
On retrouve le plus fréquemment des problèmes de lombalgies liés à la charge de travail sur le terrain (mouvement d’hyper-extension lorsque le joueur est en retard sur le volant) mais aussi en renforcement musculaire.
La deuxième zone touchée est le membre supérieur, on retrouve toutes les technopathies de l’épaule. Mais aussi des rythmes scapulo-huméraux perturbés qui provoquent une augmentation des contraintes au niveau des muscles de la coiffe des rotateurs.
On peut évoquer aussi les pathologies du membre inférieur avec de nombreuses lésions musculaires (Ischio-jambiers, mollets) et ligamentaires (LLI du genou, LCA, entorse de cheville).
Le conflit de hanche (effet CAME/tenaille) est aussi une pathologie assez fréquente pouvant générer des contraintes très importantes sur les fentes-avant du jeune sportif en début de carrière.
Quelles sont les causes les plus fréquentes de blessures au badminton ?
La cause est souvent multifactorielle, les éléments à interroger sont les suivants :
- Surcharge potentielle de travail impliquant des temps de récupération de plus en plus courts dans le calendrier des sportifs
- Qualité de l’échauffement
- Travail d’étirement / travail de mobilité
- Qualité de la récupération
- Manque de sommeil / stress
- Alimentation/ Hydratation
Il faut donc prendre en compte à la fois les éléments physiques et psychologiques du sportif.
Quels conseils pour un badiste débutant ?
Se créer une routine d’échauffement avec des exercices bien identifiés qui permettent de préparer le corps à la sollicitation.
Monter en charge progressivement afin d’éviter la blessure.
Respecter son corps et lui laisser le temps de s’adapter à une nouvelle pratique.
Mettre en place un échauffement intégrant des exercices qui augmentent la température corporelle, le rythme cardiaque, mais aussi des exercices de mobilité et des exercices de proprioception.
Quelles mesures de prévention des blessures au badminton recommandes-tu ?
Définir un temps d’échauffement et le respecter au début de chaque entraînement. 10 minutes suffisent.
Prendre le temps en fin d’entraînement pour s’étirer et revenir au calme.
Mettre en place des exercices de renforcement musculaire en intégrant des exercices en poids de corps, de gainage et de proprioception.
Quels exercices d’échauffements recommandes-tu avant de pratiquer le badminton ?
Commencer par de la course pour faire monter le rythme cardiaque.
Enchaîner sur des gammes athlétiques (talons-fesses / levés de genoux / pas-chassés / course en arrière) puis aux fentes-avant et aux fentes sur le côté, associées au travail du membre supérieur.
Intégrer ensuite les rotations arrière avec le geste du dégagement.
Finir par des accélérations en ligne droite puis avec changement de direction et sauts.
Le travail en excentrique des rotateurs d’épaule est intéressant juste avant de prendre la raquette en main.
Quelle est la conduite à tenir sur le terrain en cas de blessure ?
La blessure se caractérise par une douleur aiguë lors de la pratique du sport, avec difficulté à réaliser un geste (marche, élévation du bras…). Elle nécessite l’interruption immédiate de la pratique.
En cas de doute sur une fracture, appeler le 15 si le joueur ne se relève pas ou si l’on observe la déformation d’un membre.
Si le joueur se relève et s’il n’y a pas de plaie cutanée :
Appliquer un bandage compressif sur la zone à l’aide d’une bande autoadhésive.
Appliquer du froid avec une vessie de glace en plaçant un linge entre la peau et la vessie afin d’éviter une brûlure liée au froid. Appliquer le froid maximum 15 minutes et répéter jusqu’à 5 fois dans la journée.
Ne pas prendre d’anti-inflammatoire. Les antalgiques de type I sont à privilégier
Éviter de masser
Si l’appui n’est pas possible, mettre le membre en décharge avec des cannes anglaises en attendant la consultation médicale et les examens complémentaires.
Pierre de Fourmestraux
en charge de l’équipe de France de Badminton
Auteur : Dr Philippe Loriaut, Chirurgien Orthopédiste – chirurgie arthroscopique – pathologies du sport – spécialiste de l’arthrose – chirurgie mini-invasive et percutanée.