Questions à Anthony Martin, kinésithérapeute du sport à Paris, spécialiste du Golf
Bonjour Anthony, peux-tu nous présenter ton parcours professionnel et ta pratique au cabinet ?
Bonjour, Je suis kinésithérapeute diplômé de l’ADERF à Paris, après l’école j’avais besoin d’optimiser mes compétences et d’améliorer ma prise en charge, alors j’ai fait une formation de thérapie manuelle qui m’a permis une vision plus globale des mécanismes lésionnels.
En parallèle, passionné de golf depuis l’adolescence c’est naturellement que je me suis dirigé vers une formation plus spécifique.
J’ai ensuite poursuivi par un master en biomécanique humaine.
Enfin, j’ai intégré l’association AFKG (qui recense les kinés spécialisés dans le golf en France et qui organise les prises en charges sur les tournois de la FFgolf) avec qui j’interviens sur les mérites des jeunes de ligue Paris Île-de-France et le championnat de France des jeunes.
Image © Anthony Martin
Mon cabinet est constitué d’un plateau technique permettant d’organiser la prise en charge, les séances durent en moyenne 45 min, mais peuvent durer jusqu’à 1h30 pour permettre un programme complet, du massage/manipulation au renforcement musculaire et à la physiothérapie.
A quel âge as-tu commencé à pratiquer le golf ? Quels sont tes parcours préférés ?
J’ai commencé le golf vers 13-14 ans, après avoir pratiquer plusieurs autres sports en compétition.
Mes parcours préférés restent le golf de Cheverny dans lequel je passe beaucoup de temps, mais aussi « Le château » de Terre Blanche et le golf de Spérone.
Quelles sont les pathologies liées au golf que tu rencontres le plus fréquemment au cabinet ?
Au cabinet, on retrouve beaucoup de pathologies du membre supérieur, elles diffèrent en fonction des âges et des niveaux de jeux : chez le débutant par exemple on retrouve fréquemment des tendinites type « tennis elbow » à cause d’un grip très serré ou d’un poignet « bombé » en haut du backswing.
Les «golf elbow » sont plus fréquents après un arrêt brusque du club type gratte sur un sol dur ou contre une racine.
On retrouve également des conflits antérieurs de l’épaule du membre dominant, des lombalgies aiguës, des syndromes rotuliens, et quelques conflits articulaires des poignets chez les jeunes golfeuses.
Utilises tu des techniques spécifiques pour traiter les pathologies du golf ?
La rééducation des pathologies du golfeur est finalement assez similaire à celle des autres sportifs.
La principale différence réside dans le choix des exercices que l’on propose pour s’approcher du geste golfique et sur le travail manuel des chaines musculaires misent en jeu dans le swing.
Quels conseils pour débuter ?
Les conseils pour débuter sont simples : commencer par prendre des cours avec un professionnel afin d’acquérir dès le début des gestes sécurisés et fluides.
Il faut également, prendre dès le début une routine d’échauffement avant d’aller au practice et de récupération, surtout si on joue plusieurs jours de suite.
Le golf est un sport et il doit être considéré comme tel pour ne pas risquer la blessure.
Quelles mesures de prévention des blessures au golf recommandes-tu ?
Les mesures de prévention dépendent principalement de la pratique du joueur.
Le tronc commun reste l’échauffement et la pratique d’une autre activité physique en parallèle.
On sait aujourd’hui que cela permet à la fois de limiter les blessures mais aussi d’améliorer le niveau de jeu.
Pour le joueur amateur qui joue beaucoup au practice, il faut prendre le temps entre chaque balle, et ne pas enchaîner les seaux pour éviter les pathologies de surutilisation (liées à un dérèglement postural dû à la fatigue).
Pour le joueur en compétition ou professionnel, il est indispensable d’ajouter un travail de renforcement musculaire approprié à la pratique (renforcement des muscles antagonistes, travail proprioceptif, travail sur la précision et la répétition d’un même geste), de récupération (auto-massage, électrothérapie à visée de récupération, cryothérapie), et de nutrition pendant la compétition (espacer les prises caloriques, adapter son hydratation en fonction de la température).
Quels exercices d’échauffements recommandes-tu avant le golf ?
Le swing de golf est un des gestes sportifs qui implique le plus d’articulations, l’échauffement est donc primordial et global.
En compétition, il se fait en 4 étapes :
- Un échauffement articulaire (en partant des chevilles, jusqu’aux poignets) ;
- Un réveil cardio-vasculaire léger (type échelle de rythme, pas chassés) ;
- Activation musculaire et neuro-musculaire (avec des gestes reproduisant certaines phases du swing mais lestés ou contre résistance, exercices d’explosivité ou de rythme)
- Des exercices dit « réflexes » (type attraper au vol une balle lâchée verticalement)
Lors d’un entrainement au practice, on peut ne retenir que la mobilisation articulaire et l’activation musculaire (à minima).
Quelle conduite à tenir sur le terrain en cas de blessure ?
Les blessures sur le terrain sont relativement rares, mais comme dans tout sport, il faut rester vigilent à l’apparition de douleurs, et si elles sont importantes ou qu’elles augmentent au fil du parcours, il vaut mieux s’arrêter et perdre 1 ou 2 heures de jeu plutôt qu’une semaine ou plus.
De nombreux golfeurs sont porteurs de prothèses articulaires d’épaule, hanche ou genou. A quel stade recommandes-tu le retour sur le terrain ?
Lors d’une intervention chirurgicale pour une prothèse, il existe évidemment des délais de cicatrisation à respecter, la fédération a établi en 2018 des recommandations en ce qui concerne la reprise du jeu :
- Pour une prothèse de hanche (qui reste l’opération avec la récupération la plus rapide parmi les trois, la FFGolf préconise une reprise du putting après 6 semaines, du chipping après 2 mois et ½, du practice après 3 mois et du parcours entre le 4ème et le 5ème mois.
- Pour une prothèse de genou : En moyenne, ils ont repris l’entraînement de putting après 11 semaines, le chipping après 13 semaines, sont retournés au practice après 15 semaines et sur un 18 trous après 18 semaines.
- Enfin pour une prothèse d’épaule les statistiques montrent une reprise plutôt entre 8 et 9 mois post-opératoire
Ces délais sont évidemment à titre indicatifs et dépendent de l’évolution de la récupération du patient.
En savoir plus sur la chirurgie mini-invasive de l’hallux valgus.
Anthony Martin
spécialiste des blessures du golf